1900 :
Louange à Dieu seul ! Que la bénédiction et le salut soient accordés à Mahomet, à ses descendants et à ses compagnons !
Notre devoir à nous Musulmans est de remercier une puissance très grande, très noble, qui s’est préoccupée de la construction des mosquées et des medersas dans notre pays. Nous voyons par ce fait sa bonté, sa générosité et son amour pour nous.
Toutes les fois qu’elle a pris un pays musulman, il ne lui est jamais venu à l’idée de détruire les mosquées, d’attaquer la religion et d’en abandonner les habitants dans l’obscurité et l’ignorance. AU contraire, elle respecte les lieux consacrés au culte et laisse les Musulmans se servir du Coran pour trancher leurs différents. Elle construit des medersas pour instruire et éduquer les jeunes musulmans et les faire sortir de l’ignorance, l’obscurité, pour les initier dans le domaine de la science, celui de la lumière.
Le prophète n’as-t-il pas dit que la science était obligatoire ? Ne trouve-t-on pas dans les textes sacrés la parole suivante : Demandez la science du berceau au tombeau ! Un grand philosophe n’as-t-il pas également dit que la connaissance des choses était le but de l’existence ? N’y as-t-il pas dans le Coran cette parole qui condense les précédentes : « Peuvent-ils égaler les ignorants et ceux qui savent ? »
Cette puissance à qui nous sommes redevables, ce pays de tous les bienfaits, c’est la France. Louons Dieu et remercions-le de ce que la France, nous ayant trouvés dans l’ignorance et l’anarchie nous ait procuré la paix et apporté la science. Avec tous elle est bonne et généreuse, elle ne fait de mal à personne, et ceux qui voudraient pouvoir s’en plaindre n’ont jamais qu’à s’en prendre à eux-mêmes. Il est de notre devoir de prier pour qu’elle demeure.
Nous devons également remercier le gouverneur Ponty, qui a choisit Djenné pour profiter de ces bienfaits. Il a passé trois ans dans notre ville, c’est ce qui l’a déterminé à l’élire de préférence à une autre pour relever au Soudan le prestige de la foi musulmane. Il avait le pouvoir de choisir Tombouctou ou un autre centre. Il ne l’a pas fait parce qu’il a gardé un très bon souvenir de Djenné et de ses habitant.
Sa bienveillante sollicitude est manifeste ! Efforçons nous d’en rester digne.
Nous devons également remercier M l’administrateur Bleu, commandant du cercle de Djenné, qui a voulu faire les choses le plus grandement possible en dotant de la mosquée la plus belle des pays noirs.
Remercions Dieu de ces bienfaits. Louanges à Dieu seul ! Que la bénédiction et le salut soient accordés à Mohamed et à ses compagnons !
Prêche d'inauguration de la "nouvelle" mosquée, le 1er octobre 1907
