20.6.11

Malta

J’ai toujours trippé sur un bout de caillou quasi-invisible sur les cartes, un peu au sud de la Sicile.

Parce que Corto. Parce que Paris Texas, parce que j’ai jamais compris pourquoi un micro état entretenais un Konsulat dans une des plus belles baraques de Yaounde. Un peu aussi parce que des cathos intégristes qui parlent arabe et s’appellent Lawrence Cavalieri ca résonne comme une bouillabaisse au bacon saupoudré d’Harissa : Drôle, et pas forcément dégueu.

C’est vraiment surprenant Malte. Petit, sec, aride. Ecrasé de soleil, étouffant de poussière. A l’Eurobar un retraité anglais évoque Beyrouth. C’est tout a fait ca. Entre midi et 15h le soleil aplati tout. Même les plantes ne bougent plus. Pas un chat dehors. Enfin si justement, que des chats.

Au bout de la rue de l’Eurobar il y a un arbre cactus. Un tronc d’arbre avec des feuilles de cactus. Jamais vu ca. Décidément Malte c’est l’île OGM. Le retraité s’est installé ici il y a 4 ans, comme quelques milliers d’autres glaouiches. Je ne les aime pas vraiment gout les british. Toujours en maillot de leur football team who never fucking win from a place you never want to go. Ils trimballent tous une grosse hideuse et des tatouages ratés. Ils ont beau être à 8000 bornes de chez eux ils continuent à bouffer des baked beans et à lire le Daily express (une du jour “Cole, I’m winning Cheryl Back”). Mon pote vieux aussi, mais il est sympa. On reprend une Cisk, il me raconte quand il était dans “The Forces”, en Allemagne occupée. Il était allé à Monaco, il y avait des mendiants là-bas à l’époque. Putain il change vite ce monde quand même.

Une risée de poussière balaye le musée automobile qui traine dans la rue. Des Peugeot hors d’âge, quelques tunneries affreuses, beaucoup de Lada, et quelques merveilles sorti d’un Auto-journal hors-série des 80s.

J’imaginais pas voire des Tata dans l’Union Européenne.

Le Maltais (enfin ce que j’identifie comme) n’est pas causant. La serveuse de la pizzeria a les jolies cheveux noirs bouclés d’une déesse grecque et le regard hautain d’un chat des îles qui voit la 4ème pate de son cousin continental comme une anomalie. Les murs sont ocres, délicieusement décrépis. Les maisons ont des porches et des bowindos, et souvent une terrasse couverte sur le toit. Les Sidney’s estate surplombe la Triq Al Bahar qui mène à la mer, comme son nom l’indique. Bahar ou Barca, Le cri de guerre des clandos maghrebin..

Au coin d’une église baroque une madone encastrée baisse les yeux. Son visage à la tristesse pudique d’une mère qui a vu fuir ou mourir ses trop nombreux enfants. Derrière l’Eglise l’african pub ne désemplit pas. Il y a beaucoup de noirs dans ce bled, j’ai du mal à comprendre pourquoi. Je rentre boire un coup. Les gens cris, danse, la sono crache du coupe décalé, ça pue. J’adore. Corto est au fond de la salle. Il se planque sur son île. Curieux concept. On a un peu parlé mais je ne suis pas resté.

C’était peut être la dernière fois que je le voyais.