27.7.11

Froide lucidité d’un lendemain de cuite

Trop de bière. Tête fracturée. Les choses sont limpides ces matins-là. D’avoir raconté, crier ou pleurer tout et n’importe quoi la veille, ça vide la tête. L’alcool arrache les morceaux de bois mort. Il ne reste que le brut. Le vrai. J’ai blasté mon corps comme c’est blasté mon couple. Insidieusement d’abord, explosivement ensuite. « Last day of us » ca claque bien comme titre. Et en plus la photo est chouette. C’est trop con. Mort aux cons. Mort à moi…

Devant l’école du coin une mère explique à son chiard sur un ton enchanteur qu’il sera bientôt à « l’école des grands ». Dans le métro une working girl parle (trop) fort de « positive attitude » dans son BlackBerry. Je t’en foutrais de la positive attitude. Les gens autour ferment les yeux. Ils rêvent d’ailleurs. Comme je les comprends...

Je suis vidé. Lessivé. Un trentenaire extenué. Mon cerveau est uniquement factuel. Maradona était meilleur que Pelé. Le Nikon D 90 a l’air d’être un super reflex. Régis est un con. Mon trafic cervical est directement inspiré du RER D. Ce putain de ciel gris me tue à petit feu.

L’été Paris est vide. L’exode, le calme et la (très relative) chaleur donne un air d’attente à la ville. Comme s’il allait se passer quelque chose, qu’un grand changement se prépare. « Ville ouverte » était l’expression consacrée pour dire à l’envahisseur qu’on ne défendrait pas la place. Bizarrement l’ouverture est vu comme une qualité.

Je voudrais m’enfermer dehors. Sur une bonne grosse départementale écrasée de soleil dans ma bagnole hors d’âge. Sentir les champs fraîchement coupé et le tabac froid des bars à viocs. Ecouter les k7 de mon adolescence. Fumer un joint entre deux églises au clocher chancelant. Ressentir. Faire corps avec le monde. A nouveau. Enfin.

Le son qui va bien :

http://www.deezer.com/listen-3754206


25.7.11

El Gnejna

Des couples s’aiment
D’autres regardent
En haut d’une pointe
Une tour de garde

Je rêve d’évasion
Vagabondage
Un grand départ
Plus de visions

Une falaise blanche
Barre l’horyzon
Autres rivages..
Pourquoi tu pars ?

Raide est la route
Et large est le chemin
Je ne la grimperais pas
Je préfère en sauter

Maisons de nains
J’ai du rater une marche
Un parfum de cumin
Dans lequel tu te cache

Dans un recoin de cœur
Ou au creux de ma main
Le sable s’y envole
J’aimerais être moins con

11.7.11

L'été meurtrier

Ciel gris
Impression Normandie
Se casser en juillet
Retrouver mon île

D'étranges pensées m'assaillent
La folie nous guette
Ici la capitale
A en perdre la tête

J'ai voyagé
Ais-je vécu ?
Amours et châtiment
Ceci n'a pas de prix

En face une autre vie
Ô visage buriné
Ô sauveurs, ô saveurs
Épargnez la viande cru
Ceci est mon sang

On enterre une culture
Et il n'est qu'un seul dieu
Pitié, silence
Son nom est faux
Entre les murs, sous un pieu
Not today, il parait

South Sudan Oyee!

C'est écrit partout l'afrique compte depuis ce matin 54 pays. Bienvenue au Sud Soudan, "A nation of black african" (cf site officel), son drapeau gribouillé par un kenyan fainéant, un nom qui fleur la guerre froide, et un président télégénique avec un nom de héros de BD (Salva Kiir) et des chapeaux de pasteur du far west.

Parmi les futurs spots touristique du Sud Soudan, notons la bonne ville de Fachoda, qui devrait réveiller de tout élève un peu attentif au cours d’histoire de 1ère, autant dire pas grand monde.
Fachoda donc c’est ca . Et accessoirement Fachoda est aujourd’hui au milieu d’une zone pétrolifère récente et prometteuse. Tiens tiens…

Dans quelques années le cas Sud soudanais sera sans doute le chapitre préféré du cours « Géopolitique – Le grand jeu » de tous les Sciences po d’à travers le monde.

Explication :

Le Soudan est un pays immense et sous peuplé gouverné par une minorité islamistante. Malgré son nom (pays des noirs en arabe), le Soudan est gouverné par une minorité arabo-métissée, héritiere d’une idéologie anti occidental et messianiste (le madhisme).

Au milieu des années 90 le Soudan se découvre plein de pétrole, plutôt localisé dans le Sud. Or le Sud est en effet « noir », tout comme l’ouest (le Darfour), et ces deux régions servent depuis 2000 ans de réservoir de mains d’oeuvre aux nordistes.

Au départ le gouvernement de Karthoum voit le pétrole comme une bénédiction, la chance de batir une armée puissante qui matera pour de bon les rebéllions qui traine depuis 50 ans dans ses périphéries. Grave erreur…

Politique de la tenaille

« Un état s’effondre comme une tour : Saper la base, élaguer les étages, et donner la pichenette fatale ».

La base : Soutien massif au SPLA entre 95 et 2005, souvent via des ONG évangéliste américaine, croisés du 21ème siècle débarqués pour défendre les forcément gentils noirs christiano-animiste.

Les étages : Vive la France, ses missions humanitaires régulières au Centrafrique et au Tchad, « son » oléoduc Tchad – Cameroun, premier maillon d’un long réseau..

Entretemps : Quelques comédies sur le « génocide » du Darfour, Ben Laden, des viols et des églises brulées.

Au final un accord de « paix » obtenu en 2005, El Bechir sauve sa peau en échange du morceau Sud Soudan qui devient d’abord autonome et donc indépendant.

Ce qui m’embête là-dedans ? 3 choses.

Le Sud Soudan c’est la république des ONG. Juba est une des villes les plus chères du monde pour le logement de qualité. Les ONG c’est plein de jolies filles mais ca n’a jamais développé quoique ce soit. Je leur accorde une certaine utilité en période de crise humanitaire, mais en temps de paix ça reste des blancs qui utilisent l’argent des blancs pour que les noirs fassent ce que veulent les blancs. On a beau dire que cette fois c’est pour leur bien je ne vois pas de différence avec le temps béni. Ah si le fouet…

Les USA veulent installer africom, le « commandement militaire africain », à Juba. No comment..

A 700 km à l’est du SS il y a un territoire indépendant de facto depuis 15 ans, qui a connu plusieurs transition démocratique pacifique, qui a sa monnaie, son armée, son parlement et qui n’a jamais demandé l’aide de personne. Ca s’appelle le Somaliland, et ca n’est reconnu par personne pour d’obscure considération historico-juridiques, parce qu’une obscure résolution de l’ONU a proclamé l’unité éternelle de la Somalie, parce qu’on évoque l’intangibilité des frontières (Sud Soudan donc..), parce qu’en fait tout le monde s’en fout d’un bled où il n'y a que des vaches et des humains.

Bienvenue au Sud Soudan quand même.

Rouge : Oléoduc Tchad – Cameroun (made by Total – Texaco)
Pointillé : Prolongement possible
Bleu : Oléduc Soudanais (made by China)


7.7.11

L'arche

Dans un bras de seine
Ancré,
Coque craquelante
Poupe encré
Des insectes au hublot
Un délicieux roulis
Et quelques matelots

Fantômes de bateliers
Errants réincarnés
Du livre des héros
Jouent aux dès mon repos

Il y avait un chat noir
Des mouettes et des brochets
Sur la rive un musqué
Et des hérons

Il y avait une jolie
Qui dormait dans la cale
Tout autour la forêt
Pas si loin la folie

Mon bateau magique
Ne passera pas l’hiver
Mon rêve éparpillé
Sous une chape de béton
Aujourd’hui enterré
Mon sommeil est de plomb